Architecture
25/09/2020

Mathieu Nicol, considérer l'impact d'aujourd'hui pour demain

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L’architecture se traduit par la volonté de ne pas se créer de limites, d’abolir ses propres frontières.  Mathieu Nicol, architecte associé et analyste programmatique du prestigieux atelier d’architecture et d’urbanisme Jim Clemes Associates, en est la preuve. Rencontre.
 
Issu d’une famille d’entrepreneurs de père en fils, il côtoie rapidement  l’univers de la construction. A peine est-il âgé de 12ans, qu'il visite pour la première fois les réalisations de projets architecturaux. Les vacances scolaires et les stages lui permettent de fréquenter régulièrement des architectes auprès desquels il s’investit et participe initialement au dessin avant de se lancer dans la réalisation de projets.  "Mes premiers stages en agence datent du siècle dernier ; nous n’avions quasiment pas d’équipements informatiques. Nos seuls outils étaient les Rotring, le té et la table à dessin" dit-il en souriant, et d’ajouter : "nous avions encore des copieurs à ammoniac pour dupliquer les plans et une machine à écrire pour taper le courrier, puis certaines agences se lançait dans l’aventure informatique et c’est aujourd’hui un outil fantastique qui nous permet une grande anticipation surtout des phases de réalisation".  Une période pourtant décisive quant à son avenir puisqu’à l’issu de son parcours scolaire initial, il entreprend des études en architecture où il fait la rencontre d’un panel  "d’enseignants intéressants, remarquables et incroyables".

Après l’obtention d’un baccalauréat scientifique, il se dirige naturellement vers Paris pour entreprendre des études en architecture à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture du Val-de-Seine. "Tout au long de mon parcours, j’ai eu la chance de rencontrer des personnalités intéressantes, qui m’ont permis de comprendre qu’il n’existe pas une seule réponse en architecture et que la recherche doit être structurée pour pouvoir proposer une réponse juste et élégante".

Jim Clemes, l'atelier de la matérialisation des idées
Breton d’origine, c’est dans la géométrie de l’horizontalité qu'il baignait avant de succomber à la verticalité de Paris."Il y a une poésie de l’horizon en Bretagne qui est ancré en moi, mais Paris m’a rappelé que la finesse peut également être verticale" raconte-t-il avant de nous emmener à Athène. Alors étudiant, une opportunité s'offre à lui: celle d’effectuer une année au sein de l’école polytechnique d’Athènes en Grèce. Il découvre un pays qui, pour lui est à la genèse de l’architecture contemporaine. C'est également en terre grecque qu'il rencontre une jeune architecte Luxembourgeoise qui lui propose alors de découvrir le Luxembourg. Curieux et navigateur dans l'âme, c’est aux côtés de Beiler et François Architectes qu’il fait ses premiers pas dans le monde de l’architecture au Luxembourg avant de s’engager deux ans plus tard auprès de Jim Clemes.
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Sa formation s’est ancrée dans une période marquée par le développement d’une société de la communication par l’image sur internet. "Nous avons la chance de pouvoir partager nos expériences rapidement et facilement aujourd’hui. Cela nous permet de suivre les travaux de nombreux grand nom de l’architecture." Et si les parutions de Zaha Hadid, le couple De Portzamparc, Jean Nouvel, Richard Meier, Santiago Calatrava, font partis de sa bibliothèque, c’est auprès de Jim Clemes et de ses collaborateurs qu’il trouvera "l’Atelier où les idées se matérialisent".

Considérer l’impact de l’architecture d’aujourd’hui pour demain
A la question dans quelle époque aurait-il souhaité exercer, la réponse est formelle : la sienne. Certes, Mathieu a toujours été subjugué par la beauté architecturale de l’acropole. « Aujourd’hui, nous serions à peine capables de le reconstruire car la technicité du dessin, les proportions et le rééquilibrage des perspectives sont extraordinaires » affirme-t-il. Pour autant, il préfère la complexité du XXe siècle et tout ce qu’elle impose, notamment les problématiques environnementales. « Cela nous pousse à nous repenser, à entrer dans un véritable processus de recherche en considérant l’impact de notre architecture d’aujourd’hui sur nos lendemains immédiats ». Et à ces interrogations sur le changement climatique, l’associé de Jim Clemes Associates promeut la rénovation. "Nous ne pouvons plus vivre dans une société de la reconstruction systématique. Nous vivons dans des villes dont l’héritage architecturale mérite d’être mis en valeur mais cela nécessite à la base de l’architecture une prise en compte de l’adaptabilité des espaces aux usages présents et à venir."

L’importance d’allier la fonctionnalité à l’esthétique.
"Vous savez dans le mot ‘’architecture’’, il y a le mot ‘’art’’ auquel il faut associer le fait d’en vivre et de faire vivre", ainsi se résumerait la façon de travailler de l’architecte. Par ailleurs, si pour lui, chaque projet est un coup de cœur unique, il garde en mémoire la rénovation de la Villa Lamort sur le Boulevard Royal à Luxembourg à qui il souhaite "l’éternité". Une chance inestimée de remettre en valeur la villa en respectant les codes esthétiques. Aussi, aime-t-il à mentionner le château d’eau de Gasperich pour lequel il a collaboré aux côtés de Jim Clemes lui-même, d’Ingbert Schilz et de l’artiste Nico Thurm et dont il a eu la "fierté d`être responsable du suivi de chantier". Marier la fonction d’un ouvrage technique à l’esthétique pour à la foi être un marqueur de la ville mais en même temps porter l’attention du public sur la valeur unique de l’eau potable qu’il contient était pour lui une expérience parfaitement en phase avec la philosophie de Jim Clemes Associates pour une architecture responsable.